Les témoignages “négatifs” des parents ou des anciens élèves concernant les écoles Steiner-Waldorf sont rares, mais il ne sont pas inexistants. Il y a plusieurs raisons à cela :
Tout d’abord, il faut tenir compte de l’endoctrinement que les élèves et leurs parent subissent aussitôt qu’ils sont pris dans ces écoles. Au sein de leur scolarité, les élèves des écoles Steiner-Waldorf subissent en effet un véritable matraquage idéologique.
La diffusion permanente en interne d’un discours promotionnel fort, que les cibles vont répéter avec conviction tout autour d’eux, va les transformer à leur inssu en propagandistes d’une nouvelle religion qui n’est pas clairement identifiée comme telle par ceux qui la diffusent, mais qui tient bel et bien la place d’une forme de foi dans leurs pensées.
On “croit” à l’ecole Steiner et on répand le discours en faveur de cette pédagogie, répétant les mots exacts que les pédagogues Steiner-Waldorf ont mis dans les bouches de leurs élèves et des parents.
Ensuite, pour ceux qui en sont revenus, il y a la peur des procès et des campagnes de calomnies s’ils parlent. En médiatisant les procès qu’elle lui intente et en se lançant dans une vaste campagne de diffamation à l’encontre de Grégoire Perra, la Fédération des écoles Steiner-Waldorf envoie en réalité également un message aux parents qui pourraient vouloir témoigner auprès de la presse : si vous parlez, nous sommes capables de vous détruire !
De plus, ces parents et leurs enfants ont la plupart du temps vécu un tel cauchemar qu’ils ont juste le désir de s’en éloigner rapidement pour retrouver une vie normale, ce qui peut se comprendre.
Pour autant, cette folie d’une fausse pédagogie qui a pour seule fonction de diffuser la doctrine anthroposophique dans le monde ne s’arrêtera pas tant que ne sera pas diffusé un nombre suffisant de témoignages qui en révèlent la vraie nature.
C’est pourquoi nous nous sommes décidés à publier ici ce long témoignage d’une maman belge, dont nous avons récemment eu connaissance.
Il est extrêmement révélateur et permettra de contrebalancer les témoignages positifs d’anciens élèves que la Fédération des écoles Steiner-Waldorf en France tente actuellement de recueillir pour défendre ses pratiques.
Nous regrettons simplement que les parents n’aient pas porté plainte à ce sujet compte-rendu des faits rapportés.
Plainte qui aurait sans doute permis que d’autres enfants soient protégés grâce à l’intervention des différents acteurs (police/justice et administrations) au sein de l’école où ces événements se sont produits.
NB : Rien n’a été modifié (la mise en page, la structure, la tournure des phrases, le gras…).
Le témoignage :
Notre expérience douloureuse au Jardin d’enfants d’une école Steiner.
Il est temps pour moi de prendre la plume et faire partager à qui le veut notre expérience vécue il y a
peu dans un jardin d’enfant d’une école Steiner.
En effet, après avoir enfin pris la décision de changer notre fille d’école au cours de sa troisième
année au jardin d’enfants, nous avons retrouvé sa joie de vivre, son sourire, sa spontanéité d’enfant.
Aujourd’hui, elle joue enfin, fait de la trottinette, dessine et chante.
Voici notre expérience.
Le choix de l’école.
Venant d’emménager dans un village proche de beaucoup d’écoles de tous types d’enseignement, et
notre fille étant en âge d’entrer à l’école maternelle, nous avions en tête de trouver une école dite
« participative » ou « alternative », où les enfants sont, pensions-nous, pris en compte dans leur
individualité, respectés et amenés à grandir le plus sereinement possible.
Nous avions le choix : écoles publiques, en immersion linguistique, libres, privée Montessori (mais nous n’avions de toute façon pas les moyens), Freinet, et Steiner (une des plus proche de chez nous, dont ne nous connaissions pas du tout la philosophie).
En arrivant dans la région, sous le conseil de voisins qui y avaient leur enfant, nous avions
directement inscrit notre fille dans une école publique ayant un projet « forêt ». La directrice nous
parût très investie dans son rôle.
L’école, très multiculturelle, n’était cependant pas sur notre parcours matinal. Et nous avions encore tout le temps de choisir, notre puce n’avait même pas encore deux ans. Cependant, petit à petit, prenant nos marques dans la région, nous avons « évincé » les écoles dites « traditionnelles », convaincus de la meilleure qualité d’enseignement dans les écoles à pédagogie alternative.
Nous sommes donc allés aux séances d’informations des écoles Freinet et Steiner, et l’ayant inscrite dans les deux pour être assurés d’y avoir une place, il ne nous restait plus qu’à choisir…
Mon compagnon et moi-même aimant « sentir » les ambiances, nous nous sommes immergés le
temps d’un après-midi au milieu des élèves, professeurs et familles lors des fêtes des trois écoles
dans lesquelles elle était inscrite et avait une place. Nous nous disions que c’était le meilleur moyen
de choisir son école.
Arrivés à la fête de la Saint-Jean à l’école Steiner, nous avons passé un après-midi merveilleux. Il
faisait magnifique, les enfants jouaient librement dans le jardin et le verger, les décorations et la
musique « en live » par les parents étaient d’excellente qualité, les élèves qui le désiraient pouvaient
présenter un chant, un morceau de musique mais sans obligation, la nourriture préparée par les
parents était délicieuse et bio,…
Et puis quelle confiance donnée aux enfants de pouvoir sauter au-
dessus des braises du feu ! Pas de musique « à fond », pas de tombola, pas de chips et coca. Nous
avons été charmés, séduits directement. Le seul « hic », c’était le peu de diversité culturelle et socio-
économique, que nous désirions idéalement aussi.
« Pédagogie ou diversité », il fallait faire un choix. Notre décision était prise, nous étions directement
d’accord au sein du couple : nous allions « offrir » à notre fille un accompagnement de qualité,
proche de la nature, dans la douceur chaleureuse d’une ancienne ferme rénovée mais authentique,
entourée de forêt et d’arbres fruitiers.
Même s’il fallait beaucoup s’investir, financièrement et personnellement (nettoyage des classes, participation aux chantiers d’école, préparation de tartes et salades pour les fêtes,…), nous voulions le meilleur pour notre fille et étions prêts à des sacrifices, ne roulant pas sur l’or. Aucune école ne pouvait « surpasser » cette école Steiner.
Le petit jardin d’enfant.
La rentrée approchant pour notre petite, nous reçûmes un courrier indiquant toutes les affaires à
préparer et apporter pour la rentrée.
Le ton était donné : broderies faites main par les parents sur la serviette, le sac de change et le tablier, chaussettes en laine, boîtes à tartines et sac d’école « sobres et neutres » (sous-entendu : pas de Reine des Neige et de Cars). Achat d’une peau de mouton pour la sieste. Mais attention, pas question de parler d’« institutrice », de « classe », de « cour », de « cartable » et de « sieste ». A Steiner, c’est une « jardinière », un « local », une « plaine », un « sac » et le « repos ».
Et nous sommes gentiment remis à l’ordre si malencontreusement nous parlons de la sorte devant les professeurs ou autres de l’école.
Ceci-dit, j’étais emballée : en arrêt pour une maladie grave mais que je vainquais petit à petit, j’avais
du temps et par ailleurs, j’adore les loisirs créatifs. J’y ai mis tout mon cœur, pour que sa rentrée soit
belle et douce.
Le grand jour arriva. Mon compagnon prit congé et nous arrivâmes à trois à l’école. La porte s’ouvrit
et la jardinière nous accueillit très chaleureusement, mais dans un silence impressionnant. Petites
bougies, chuchotements.
Elle nous expliqua le rituel du matin pour notre fille : accrocher son manteau « par la lichette » (sinon nous sommes aussi remis gentiment mais directement à l’ordre), mettre ses chaussons, déposer son sac, aller aux toilettes et se laver les mains. Ensuite, dire au revoir à papa et maman qui ne peuvent en aucun cas traverser la limite du vestiaire. Interdiction aux parents d’entrer plus loin dans le local et de discuter plus de trois secondes avec l’enseignante.
En effet, il nous a été bien stipulé que les enseignants, que ce soit dans la cour ou le local, sont « auprès
des enfants, avec et toujours auprès d’eux ».
Nous apprenons aussi que le mercredi, ce sera une autre personne qui prendra le groupe en charge,
car la jardinière principale ne travaille pas cette année à temps plein.
Toujours emballés et sous le charme, j’accueillais toutes ces contraintes avec bienveillance, leur
faisant une totale confiance.
Mais très vite, cette sensation d’être « mise à la porte » le matin ou en venant rechercher ma fille me
gênait. C’étaient ses premiers jours d’école, elle avait vécu à mes côtés pendant ma maladie, mais je
n’osais pas demander à sa jardinière des retours plus précis sur ses journées à l’école : j’avais peur de
« déranger » la jardinière et de perturber l’organisation mise en place.
Mais pas de panique : il est prévu des temps de rencontres individuelles, durant lesquelles nous
prenons le temps de discuter de notre enfant. Mais jamais, au grand jamais, avec lui. La première
rencontre est prévue quelques semaines plus tard. A mon grand étonnement, un questionnaire nous
est soumis afin de commencer la « biographie » de notre fille.
En effet, la jardinière nous explique que jusqu’à la fin des primaires, une étroite collaboration a lieu entre les professeurs et les parents de l’enfant afin de compléter, au fur et à mesure, sa biographie.
Entendez : des questions ultra précises et privées telles que : comment s’est passé l’accouchement, où a-t-il eu lieu, l’enfant a-t-il été allaité et combien de temps, parcours de vie privé des parents, comment et qu’est-ce que l’enfant mange à la maison, son comportement, son sommeil,…
Impressionnés par le nombre de questions et leur caractère « invasif », nous y répondons néanmoins, sans réserve. J’ai parlé de ma maladie, de mes opérations, des répercussions dans notre vie de famille. Encore cette confiance totale en la pédagogie : s’ils posent toutes ces questions, c’est pour le bien de notre fille, de son développement.
Les premiers mois passent, notre fille s’habitue, peu à peu, mais ce n’est pas la grande joie pour elle
d’aller à l’école. Elle reste dans mes jambes le matin, pleure souvent. Petite, elle ne raconte pas
grand-chose de ce qui s’y passe, elle ne ramène jamais rien dans son sac, sauf le petit pain du jeudi.
Et toujours cette peur, pour moi, de poser des questions à l’institutrice. Mais nous faisons confiance,
c’est le début tout de même.
Puis un jour, nous apprenons que sa jardinière est absente. Les enfants sont répartis dans les autres
jardins d’enfant.
Elle revient quelques semaines, puis s’absente à nouveau. Cette fois-ci, l’école trouve une remplaçante, qui a une solide expérience comme institutrice primaire dans une école traditionnelle.
Elle a décidé de changer, c’est un choix important pour elle : elle désire enseigner dans une école Steiner. Elle est très sympathique, souriante, et le contact passe beaucoup mieux avec elle pour notre fille qu’avec la jardinière précédente.
Finalement, la jardinière absente ne reviendra plus avant la fin de l’année scolaire. Pour nous, peu importe puisque notre fille semble plus épanouie avec cette remplaçante.
Je me sens plus à l’aise avec elle : comme ce sont ses tout débuts dans l’école et qu’elle n’a pas encore été « formée » à la pédagogie Steiner, elle est moins à cheval sur certains principes cités ci-dessus. Ou tout au moins, c’est moins rigide et je me sens plus à l’aise de déposer ma fille à l’école le matin.
Deuxième année : le grand jardin d’enfants.
L’année suivante, nous apprenons que notre fille passe au grand jardin d’enfants, et ce n’est qu’en
dernière minute que nous apprenons chez qui elle sera accueillie (il y a trois grands jardins
d’enfants).
Et il se fait que c’est la « remplaçante » qui reprend le grand jardin d’enfants ! Nous sommes ravis, nous avons confiance en elle, et nous ne connaissons pas bien les autres jardinières.
Dans le fond de mon cœur, j’avais peur qu’elle retourne dans un jardin d’enfants « rigide » comme à
ses débuts.
Cette seconde année se passe plutôt bien, rythmée par les fêtes, les activités régulières. Aucune
surprise, aucun changement de programme.
Toujours le petit pain du jeudi dans le sac. Rien de plus.
Petit à petit, sa jardinière commence à changer un peu de façon de parler. On voit qu’elle prête une
grande attention à la manière de s’adresser aux enfants.
Elle ne dit pas « mettez vos bottes les enfants », mais « le marchand de bottes attend que les petits pieds se glissent dedans ». Ou « taisez-vous » devient « les petites bouches se ferment ». Cette « mise en scène », comme j’appelle cela aujourd’hui, est apparemment primordiale pour l’accompagnement des enfants.
A la maison, j’ai maintes fois essayé aussi de reproduire ce langage, sans y parvenir, tellement ce n’est pour moi pas naturel. Du coup, je culpabilise… pourquoi y arrivent-elles et pas moi ? Est-ce pour cela que ma fille n’écoute pas quand je lui demande quelque chose ?
Perte de confiance.
Et toujours totale confiance en l’école et sa pédagogie.
Notre fille grandit. Avec ses cousins, elle ne roule pas en trottinette, ni a vélo. Elle a peur. Elle ne
colorie ni ne dessine pas non plus, même pas avec des feutres de couleur (proscrits à l’école bien
sûr).
On se demande bien pourquoi. On se dit qu’elle développera d’autres centres d’intérêt sans
doute. Elle dit aussi souvent qu’elle est nulle, quand elle voit tout ce que ses compagnons autres que
ceux de Steiner font.
Dans son jardin d’enfant, en cette seconde année, cela commence à être difficile avec certains
enfants. Disputes, coups, vilains mots, très vilains. Et souvent avec le même petit garçon. Nous nous
disons que c’est l’âge, que cela va passer.
La jardinière cadre, mais cela continue. Par ailleurs, je commence à m’interroger sur le fait qu’il n’y ait pas de jeux à disposition des enfants dans la cour…du coup, certains ne jouent pas, mais se taquinent, se frappent, ou discutent comme des adultes.
Le soir, au moment du repas à nous trois à la maison, chacun peut exprimer s’il le désire, quelque
chose qu’il a aimé et pas aimé de sa journée. Notre fille ne dit que ce qu’elle n’a pas aimé, et elle
nous demande systématiquement ce que nous n’avons pas aimé de notre journée non plus.
En entretien individuel avec la jardinière, nous évoquons les retours de notre fille par rapport à
l’école et au petit garçon qui semble violent avec elle. Elle prend note et dit qu’elle fait son possible.
Nous disons aussi que notre fille commence à perdre le goût de « jouer », elle nous répond
qu’effectivement c’est une « suiveuse » et qu’elle fait comme les autres. Elle nous dit qu’elle doit
apprendre à mettre ses limites, à se faire respecter. Mais c’est un des objectifs des « jeux libres » à
Steiner, donc pas de panique.
La seconde année se termine. Nous espérons que l’année suivante, comme stipulé lors de la séance
d’informations, la continuité sera de mise dans l’accompagnement de notre fille et que la jardinière
continuera avec le groupe.
Malheureusement, nous apprenons tardivement que c’est l’ancienne jardinière du grand jardin d’enfants qui revient d’un repos de maternité qui reprend le groupe. Sa jardinière actuelle prendra la première primaire.
Quatrième jardinière en trois ans pour notre fille.
Troisième année : la désillusion.
Cette troisième année sera décisive pour tourner définitivement le dos à la pédagogie Steiner.
Pleine de bonne volonté, la nouvelle jardinière entame l’année avec le groupe, mais à mi-temps pour
pouvoir s’occuper également de son petit.
Toujours les mêmes rituels, les mêmes refrains, notre fille ne sera pas perdue. L’autre mi-temps sera assuré par une nouvelle institutrice, venant d’une région éloignée.
Cinquième personne qui accompagne notre fille. Un mois plus tard, cette personne est en arrêt maladie, elle ne reviendra plus jusqu’à la fin de l’année. Remplacée par une autre personne, celle-ci ne tiendra le coup que deux semaines (décidément, ce groupe est vraiment difficile à gérer).
La jardinière principale fait alors « le cadeau » aux enfants de venir à temps plein jusque Noël, après
on verra.
Après quelques semaines, aux alentours de la Toussaint, notre fille commence à faire de grosses
colères à la maison. Tous les jours, tous les matins, tous les soirs. Elle ne veut pas aller à l’école, elle
ne veut pas s’habiller.
Elle ne veut pas aider à mettre la table. Elle n’arrive plus à s’occuper seule à la maison. Elle ne demande que des dessins animés, comme s’il n’y avait que ça qui la « déconnectait » de je ne sais quoi. Elle n’est pas heureuse. Elle pleure souvent. A l’école, la jardinière me dit aussi, sur un air décontracté, qu’elle pleure souvent, comme si cela faisait partie de son caractère.
Et petit à petit, toutes les nuits, elle se réveille en faisant des cauchemars. J’entends même qu’elle hurle en
dormant « Arrête, arrête, arrête, j’ai dit non !!! ».
Alors là, je commence à m’inquiéter un tout petit peu.
Un soir, comme à l’accoutumée, nous faisons notre « tour de table », mais depuis quelques temps,
notre fille ne voulait plus rien dire à table, ni ce qu’elle avait aimé (ce qui n’était presque jamais
arrivé), ni ce qu’elle n’avait pas aimé.
Ce soir-là, j’avais décidé d’aller gratter une peu plus loin, ayant discuté avec une maman d’une copine de ma fille qui s’était plainte d’avoir reçu un bisou sur la “quiquine” (sexe féminin) par le petit garçon dont j’ai déjà parlé plus haut.
Je voulais en avoir le cœur net ; j’ai posé des questions ouvertes, afin de ne pas influencer ses réponses…
Et il se fait que pendant trois quart d’heure, notre fille nous a finalement parlé de tout ce que ce petit garçon lui faisait subir, à elle comme à d’autres. Il s’enfermait avec les filles dans les toilettes et les
empêchaient de sortir sauf quand lui l’avait décidé, il faisait des bisous sur leur sexe (ma fille dit qu’il
a « écarté sa quiquine pour faire un bisou dedans », il venait constamment déranger ma fille quand
elle jouait avec d’autres, dès le matin il lui faisait des regards harcelants…
Et tout cela en la menaçant de ne rien dire, ni à ses parents, ni aux jardinières sinon il allait la frapper. Et j’en passe.
Elle était complètement harcelée par ce petit garçon, et depuis plusieurs semaines.
Nous décidons au plus vite de prendre rendez-vous avec la jardinière.
En entretien, celle-ci nous relate qu’effectivement ce petit garçon est très turbulent et manipulateur, mais qu’il vit des choses très difficiles à la maison.
Elle nous dit aussi que « l’énergie du moment est spéciale » car le groupe est effectivement assez violent. Elle nous rassure en disant qu’elle va prendre les choses en main et convoquer les parents du garçon en question (alors que cela fait des mois qu’il terrorise les gamins…).
Elle dit aussi qu’elle va exposer la situation en Conseil des Jardinières.
Nous sommes très vigilants. Nous posons des questions à notre fille, sans la harceler toutefois, mais
on veut savoir si les choses s’améliorent. J’ai une boule au ventre, car ses cauchemars continuent,
avec toujours les mêmes cris « arrête, arrête, arrête !!! ».
Je commence à prendre conscience de la gravité de la situation. Peut-être que ce petit garçon fait des choses totalement interdites que nous avons minimisées, que notre fille subit quotidiennement.
Nous décidons de joindre la direction. Celle-ci nous répond qu’elle n’est que directrice administrative
et qu’à Steiner, tout ce qui concerne les groupes et la pédagogie se discute en Conseil des
Jardinières.
Ok. Là, je commence à avoir de sérieuses craintes, et à perdre ma confiance.
Le matin, je suis stressée en la déposant à l’école, mais je n’ai pas le choix, j’ai retrouvé du boulot.
Nous décidons de reprendre contact, avant les congés de Noël, avec la jardinière pour voir ce qui a
évolué depuis la dernière fois. Elle nous dit qu’elle en a effectivement parlé en conseil des
jardinières, qu’elle n’a toujours pas réussi à rencontrer les parents du garçon, et que les jardinières
étaient maintenant en phase d’ «observation » pour faire un « travail de fond » avec le groupe…
Mais en conseil des jardinières, elles se demandent vraiment où le petit garçon aurait pu leur faire un
bisou sur le sexe… non vraiment ce n’est pas possible…Remise en cause des paroles de notre fille.
Mais elles prennent tout de même la décision de renforcer la surveillance avec une personne
supplémentaire (de l’école bien sûr, pas de l’extérieur), et d’organiser des temps de jeux où les filles
et les garçons jouent séparément.
En entretien, la jardinière nous dit aussi que c’est sans doute le « chemin de vie » de notre fille (!!!), elle dit que nous pouvons également « faire confiance aux anges » qui sont là, autour de nous. Elle exprime également que le petit garçon est une « belle personne », ce que je ne remets pas en cause, mais en attendant il y a un problème à résoudre, qu’apparemment l’école semble incapable à gérer, selon nos critères de tolérance.
Elle dit également espérer que les congés de Noël remettront « tout à zéro », comme par la grâce du Saint Esprit…
Nous sortons de cet entretien plus qu’en colère. Pour nous, cette jardinière ne gère rien du tout,
n’est pas consciente de la gravité de la situation. Nous prenons contact avec la coordinatrice des
jardinières « responsable d’un jardin d’enfants également) à qui nous exigeons maintenant de
prendre la situation en main : intervenant extérieur, psychologue, centre PMS, voire plainte contre
l’enfant pour qu’il puisse aller dans un enseignement adapté qui pourra l’aider ou que les autorités
sachent ce qui se passe dans cette école… (ça nous ne leur avons pas dit).
La coordinatrice m’a affirmé, une semaine après, que les démarches étaient en cours pour faire intervenir une personne extérieure.
Les vacances de Noël passent, notre fille est plus difficile que jamais. Toujours les mêmes
cauchemars et de grosses colères.
La rentrée de janvier arrive. Le deuxième jour, nous apprenons que sa jardinière est en burn-out
jusque Carnaval au moins (elle ne reviendra plus par la suite ; je ne sais comment mais l’école lui a
fortement suggéré de ne pas terminer l’année, ce qui l’a soulagé car elle ne se sentait pas à même de
gérer le groupe). Il ne manquait plus que ça. Plusieurs parents commencent à se poser également
des questions. Que se passe-t-il dans cette école ?
Violences entre enfants, burn-out des institutrices,…
Nous recevons un courrier qui stipule que pour le bien du groupe de ma fille, celui-ci va être éclaté ;
les enfants vont être répartis dans les autres jardins d’enfant, il n’y aura pas de recherche de
remplaçant(e).
Cerise sur le gâteau : ma fille est séparée de sa meilleure amie, mais elle est
accompagnée du petit garçon violent qui l’a prise en grippe depuis des mois… !
C’est à n’y rien comprendre.
Les enfants de ce groupe, séparés, ne comprennent plus rien. Ils doivent intégrer des groupes déjà
bien formés.
Ils sont des « pièces rapportées ». Notre fille le vit très mal. C’est de plus en plus difficile
de la faire aller à l’école le matin. Et le garçon, en catimini, continue de la harceler. Sa nouvelle
jardinière, « expérimentée en pédagogie Steiner », met des règles très strictes en classe : les « pièces
rapportées » ne peuvent plus jouer ensemble, afin qu’ils s’intègrent dans le groupe.
C’est très violent pour ma fille qui a perdu tous ses repères. Le petit garçon est quant à lui super accompagné, et « tout va bien » depuis qu’il est dans ce groupe, selon sa nouvelle jardinière.
Quelques semaines passent, ma confiance en l’école a totalement disparu. Ma fille continue de se
plaindre du garçon, les cauchemars continuent.
Je parle enfin de la situation à deux amies médecins généralistes, qui me disent que cela va beaucoup
trop loin, que ce n’est pas normal ce qui arrive à notre fille et dans cette école. Je me confie aussi à
un ami qui travaille comme éducateur dans un centre pour enfants placés par le juge. Il est révolté
par ce que je lui raconte, il me dit que je dois porter plainte contre l’école, qu’elle manque
cruellement à ses obligations pédagogiques.
Je suis en pleurs.
J’appelle la coordinatrice des jardinières pour lui faire part de ma colère, de mes questions, de ma
perte de confiance.
Elle a l’air compatissante, me dit qu’elle est étonnée que les choses continuent quand-même, malgré leur « travail de fond ».
Elle me dit qu’elle va en reparler en Conseil des jardinières et qu’elle me tient au courant de ce qui aura été dit.
Le lendemain, elle m’appelle et son ton est beaucoup moins compatissant : d’ailleurs, nous sommes invités à les rencontrer rapidement.
Je suis abasourdie… nous sommes « convoqués » ! (comme d’autres parents me dit-elle).
Nous y allons. Je suis en colère et décide de leur dire tout ce que j’ai sur le cœur.
Mon compagnon me demande de rester « correcte » car j’ai la rage. Je lui promets de le faire. A l’entretien, il y a la coordinatrice des jardinières, la jardinière du nouveau groupe de ma fille et la personne qui fait la
psychomotricité (qui s’occupe par ailleurs du groupe un jour/semaine, alors qu’elle n’a aucun
diplôme pédagogique. Septième personne responsable de ma fille).
A cet entretien, je n’y vais pas par quatre chemins. Je leur demande ce qu’il en est des démarches
d’intervention de personnes extérieures : c’est en cours mais rien de concret (jusqu’à la fin de
l’année ?). Je leur demande ce qu’ils font quand le gamin terrorise et frappe les autres : elles lui
disent que ce n’est pas bien. Et quand il remet ça ? Il va parfois dans un autre jardin d’enfant, on lui
dit que ce n’est pas bien, puis il revient.
On reparle des attouchements sexuels : c’est une question qui dérange, elles restent sur leurs positions : ce n’est sans doute pas arrivé (notre fille fabule) et en tout cas maintenant les enfants sont surveillés de très près (oui, ils ne peuvent plus jouer en attendant les parents, ils doivent rester assis sur un banc pour éviter les interactions).
Ensuite, nous leur « avouons » (on a moins peur d’eux mais il reste une sorte de soumission bizarre) que plus que probablement notre fille ne fera pas les primaires à Steiner.
Elles paraissent très étonnées.
Ensuite, je leur « avoue » aussi que si rien ne change, il est fort probable que nous la changions en cours
d’année (il reste six mois avant l’entrée en primaire).
Alors là, un ange passe (sans jeu de mots) : on se fait presque traiter d’inconscients, « c’est une petite fille quand-même, la changer comme cela, c’est violent, elle va croire que c’est de sa faute, qu’elle n’a pas bien fait quelque chose, il faut qu’elle termine le cycle… ».
A nouveau, et pour la dernière fois, j’ai ce sentiment de culpabilité ; jusqu’au bout je l’aurai eu. J’ai commencé à me dire que la changer d’école maintenant serait traumatisant pour elle, qu’il faut à tout prix terminer l’année au jardin d’enfants pour ne pas la perturber encore plus.
Je suis bouleversée. Alors je décide d’aller voir sur le net s’il y a des avis, articles, témoignages,
d’internautes sur la pédagogie Steiner…
Je commence alors à lire, lire, lire. Je tombe sur le blog de Grégoire Perra ; j’ai un soulagement immédiat : ce que je ressens de « malsain » dans cette école depuis plusieurs années est relaté presque mot pour mot par d’autres personnes.
Je lis aussi plus en profondeur sur Rudolf Steiner et le mouvement anthroposophique.
Je suis effarée, révoltée.
Cela ne correspond en rien à mes croyances.
Au contraire. Comment peut-on suivre à la lettre les dires d’un seul homme, depuis autant d’années, sans évolution ?
Je me surprends à penser que cette école est une secte, et que je me suis fait berner.
Puis, j’en parle à nouveau autour de moi, à mes collègues, retraitées et ayant déjà l’expérience d’être
parents, à long terme. Je me rends compte que quitte à être angoissée d’aller à l’école, autant sortir
notre fille de là et qu’elle s’habitue à une nouvelle école… puisqu’il était certain maintenant que pour
rien au monde elle ne ferait ses primaires là.
Notre décision : changement d’école en cours d’année.
Nous visitons des écoles et portons notre choix sur une toute petite école publique accessible à pied.
Nous décidons d’attendre la rentrée après la semaine de congés de Carnaval.
Tout est allé très vite.
Nous prenons rendez-vous avec la « directrice administrative » de Steiner pour les documents. En
effet, comme il s’agit d’un changement en milieu d’année, il faut faire un rapport à envoyer aux
autorités compétentes.
La directrice édulcore quelque peu nos propos, mais nous n’avons pas le courage de contester sur le moment-même, ni de demander une copie du document.
Notre fille est rentrée dans sa nouvelle école depuis un mois, et je vous assure que depuis, elle a
retrouvé le sourire, elle rigole, s’est mise à dessiner et à faire de la trottinette.
Elle a appris à rouler à 2 roue à vélo, et réussit à faire quelques brasses sous l’eau à la piscine. Elle ne fait plus de crises pour aller à l’école et demande elle-même pour y aller à trottinette tous les jours. Et depuis deux semaines, elle ne fait plus de cauchemars.
Le contact est beaucoup plus sain avec sa « madame », nous pouvons papoter avec elle le matin,
l’ambiance est chaleureuse et sereine entre les enfants quand on arrive, on peut amener des choses
de la maison à montrer, des œufs de Pâques au chocolat à partager avec les copains.
Notre fille est la plus heureuse avec son cartable Reine des Neiges (même si je ne suis pas fan, j’avoue).
C’est l’école, quoi. VRAIMENT simple et quelle légèreté par rapport à Steiner ! Convaincus aujourd’hui qu’aucune école n’est parfaite, comme rien dans la vie en fait, nous ne sentons pas d’ambiance malsaine en y déposant notre fille pour passer sa journée.
Conclusion.
Avec un petit mois de recul dans une autre école et trois années dans l’école Steiner, je voudrais
résumer mes propos comme ceci :
En découvrant l’école Steiner, nous avons été plus que charmés, littéralement séduits. Puis, de fil en
aiguille, je découvre et ressens, surtout, ce qui se passe dans cette école. Les parents se regardent, se
connaissent, tissent des liens souvent autour de disciplines comme la méditation, le yoga, la
pédagogie alternative… J’ai rencontré quelques personnes sympathiques, évidemment, avec qui je
garderai des contacts j’espère, mais plus via l’école.
Les jardinières observent les parents, leurs faits et gestes, analysent tout à travers le « filtre
Steiner ». Elles disent ne pas être thérapeutes mais pensent agir comme telles, ce qui pour moi est
très dangereux. Elles n’ont pas pu (ou voulu, me surprend-je à penser aujourd’hui) gérer un groupe
dit « difficile » et surtout, n’ont pas accompagné leurs élèves comme des acteurs pédagogiques
responsables se doivent de le faire.
De plus, aucune remise en question, elles pensent avoir raison sur tout.
L’école fonctionne en vase clos, prend ses décisions en vase clos.
Les écoles Steiner fonctionnent de la même manière depuis cent ans, sans changements, dans un
monde en pleine mutation.
C’est questionnant.
Et puis, elle entretient un « flou artistique », que ce soit avec les enfants (un exemple parmi plein
d’autres : au lieu d’expliquer aux enfants du groupe actuel que notre fille a changé d’école, la
jardinière va raconter une histoire avec des petits animaux par exemple qui le leur « suggérera » sans
leur dire vraiment donc, ce qui pour moi peut être source d’angoisse), avec les parents (très peu de
communication envers les parents, très rarement un mot, un mail, une explication, ce sont les
parents qui courent après les infos, bonjour les rumeurs et commérages !).
Aujourd’hui, on RESPIRE tous les trois, à commencer par notre fille.
Alors, ne faites pas comme nous, et renseignez-vous bien sur les fondements de la philosophie de
Rudolf Steiner avant d’y inscrire votre enfant, afin d’être bien conscients de ce qui s’y vit (mais
j’avoue que ce n’est pas simple tant qu’on y a pas mis réellement les pieds et plus qu’une après-midi
de fête ou une séance d’information) et de prendre alors votre décision.