C’est le printemps, il fait beau, alors nous avons décidé d’aller faire une petite promenade en équipe visiter le temple Mormon.
L’organisation avait déjà prévue le coup : elle s’est amusée à diffuser sa propagande dans les boîtes aux lettres des communes limitrophes :
Le temple est situé au Chesnay, dans les Yvelines tout près de Versailles et de son château, il est implanté en lieu et place de l’ancien bâtiment EDF, au 46 Boulevard Saint-Antoine :
Pour le visiter, rien de plus simple : il suffit de prendre les navettes entre les gares et le temple que la secte à mis en place :
Tout ce fatras est tenu par d’étranges « huissiers » (titre usurpé par des membres du staff de la secte).
Oui oui, ils utilisent le terme « huissier » pour diriger les personnes qui désirent visiter le temple :
La première chose qui frappe en arrivant à proximité, est le nombre de bus et véhicules provenant de pays étrangers, (principalement de Grande-Bretagne) garés sur plusieurs centaines de mètres aux alentours, les parkings publics avaient été privatisés (photo ci-dessus) ou bloqués (photo ci-dessous) :
En effet, les mairies du Chesnay et de Versailles avaient pris leurs précautions :
Un petit détail sur l’arrêté municipal de la ville de Versailles attire notre attention :
La demande aurait été formulée par les Mormons (église de JC…), ce qui est assez étrange car selon cet article du Parisien, c’est la mairie qui est à l’origine de la demande :
Jolie petite partie de ping-pong entre les Mormons et la ville de Versailles, en attendant, les riverains sont spectateurs…
Vient ensuite la vidéo-surveillance : les caméras renforcées filmant à 360° sont omniprésentes, toutes comme celles fixées sur de solides poteaux, orientées sur la voie publique et sans aucun panneau informatif concernant les mentions légales pourtant obligatoires (quid de la déclaration en préfécture ? à lire également ici) :
Une visite sous très haute surveillance.
Sur les vingt caméras du site, quatre sont braquées à l’extérieur et financées par l’église à l’issue d’une convention signée avec la ville. L’entretien des caméras reste à la charge de la commune de même que le contrôle des images, et donc, de fait, la surveillance (du temple) est financée par l’argent des habitants de la ville du Chesnay.
Commune dirigée par le très autoritaire et ex-porte-parole du mouvement homophobe la Manif Pour Tous : Philippe Brillault (il n’avait pas hésité à mettre la pression à des journalistes des nouvelles de Versailles afin d’avoir leurs sources).
Aux abords immédiats du temple, les services de sécurité sont partout, oreillette et talkie-walkie, comme dans les films américains à petit budget.
Visiblement sur les dents, ces derniers bougent de partout, comme si ils s’attendaient à recevoir une petite visite.
Le jardin, très richement décoré, est raccord avec ce temple dont l’opulence fait grande impression sur les mormons venus de l’étranger, dans ce jardin, ça parle anglais quasiment partout, quelques membres mormons parlant français sont également présents.
Plusieurs dizaines de familles mormonnes américaines sont venues afin de visiter le temple, il y a également quelques habitants des environs immédiats du temple, venus par curiosité (dans le groupe de visiteurs français).
La visite des locaux est très codifiée : elle commence par le parking dans lequel de mini salles vidéos (classées par langues) ont étés mises en place :
Les gens ont le droit à une petite projection très à l’américaine (on a l’impression de voir de la propagande scientologue classique), une vidéo pleine de bondieuseries et de bons sentiments, de lumières vives et de blancheur, avec des gens aux dents trop blanches, tellement souriants qu’on s’étonne qu’ils ne se décrochent pas la mâchoire.
Chaque phrase a été longuement étudiée pour faire croire que les mormons sont très proches des catholiques (la comparaison apparaît de nombreuses fois), qu’ils sont de paisibles croyants, que l’important c’est la famille (le rabâchage fait penser au film Le Parrain), baptisant les morts pour les faire accueillir dans le royaume de dieu.
Bref, de la pub assez simplette et mielleuse.
Ensuite, les visiteurs enfilent des sur-chaussures (« pour ne pas salir le carelage & les tapis ») et se font montrer les différentes salles, sur fond de commentaires lus mécaniquement par le guide (ce dernier lisant un texte caché derrière une petite carte).
Deux de nos reporters équipés de leurs sur-chaussures.
Nos guides nous expliquent, entre deux pièces richement décorées, le but précis des recherches généalogiques entreprises par les membres de leur organisation :
Baptiser les morts, rien que ça.
Eh oui, la CNIL a autorisé les Mormons à numériser l’ensemble des fichiers d’état civil (à lire également ici et ici) à une organisation sectaire afin de pouvoir faire baptiser des cadavres.
Nous continuons le défilé des pièces à la décoration très fastueuse, sous le rabachâge monocorde de nos guides, comme le décrit un article de l’Obs.
Finalement, cette visite a été un mélange de propagande sectaire et d’exhibition de leurs moyens financiers.
Cela fait passer plusieurs messages :
- Ils sont là pour rester.
- Ils ont des moyens quasi-illimités.
- Ils cherchent à capter un maximum de personnes aux revenus élevés et ayant des postes à responsabilité, élément central pour qu’une organisation sectaire puisse s’autofinancer, s’implanter durablement dans la société et dans la vie publique.
Visiblement, la secte a mis le paquet (80 millions d’euros sans compter les vols sur le chantier, à lire également ici) pour impressionner des Versaillais aux revenus élevés (c’est à lire ici et ici) et les gens aisés des environs (d’ailleurs les « missionnaires » mormons ont été faire le tour de toutes les villes alentours, villes qui font actuellement l’œuvre d’une véritable bataille de territoire entre sectes : porte à porte et diffusion de propagande à la sortie des gares devenu très fréquent par les jéhovahs et tractage de la Scientologie dans la rue et sur les véhicules dans les villes alentours de Versailles), il faut dire que l’appartenance à cette organisation vous impose de reverser 10% de vos salaires minimum (enfants y compris), au risque de subir pressions et discriminations au sein de la congrégation même (voir les nombreuses affaires qui ont éclaté aux Etats-Unis).
Pour avoir accès au temple, d’après les dires de nos guides durant la visite, il faut réunir les conditions suivantes :
- Détenir une recommandation à l’usage du temple en cours de validité. Pour obtenir une recommandation, un membre de l’Église passe un entretien spécial avec son évêque ou président de branche et avec son président de pieu ou de district avant de pouvoir aller au temple.
- Avoir au moins douze ans.
- Etre membre depuis au moins un an.
- Posséder une carte d’accès.
Selon le site des mormons » Ces dirigeants de l’Église posent des questions afin de déterminer si le membre possède un témoignage de l’Église, respecte les commandements, soutient les dirigeants de l’Église, respecte la Parole de Sagesse, paie la dîme et est honnête. » :
On peut donc rajouter aux conditions d’accès au temple le paiement de 10% de vos salaires minimum (enfants compris).
En bref, le temple mormon c’est surtout un hangar habillé de moulures et vitraux hors de prix (protégés par des vitres qui semblent renforcées) et d’un système de surveillance haut de gamme : détécteurs de présence partout (escaliers, couloirs, salles…) en bref, du bullshit à tout les étages et de l’opulence malsaine.
Eh oui, les sectes, ça marche surtout par l’argent et le clinquant.
On se demande toujours si l’église mormone a-t-elle modifié des textes afin de tromper ses adeptes et sympathisants en leur dissimulant des choses peu glorieuses ?
Une chose est à peu près certaine, la polygamie est assez courante en Utah, et, comme l’explique cet article de Mariane, la femme est cantonnée à faire des enfants et soutenir son mari :
La femme est cantonnée à faire des enfants et soutenir son mari
« L’Eglise mormone porte atteinte à la liberté de penser, et instaure un contrôle de la vie privée de ses membres, alerte par exemple Marie Drilhon, présidente de l’ADFI, une association anti-secte oeuvrant dans la région de Versailles. Les enfants en sont les premières victimes. »
« La famille est tellement importante pour nous », confirme l’apôtre Neil Andersen. Dieu a tout prévu, même pour les plus jeunes. Le baptême se fait à partir de 8 ans tous sexes confondus, mais seul un homme peut devenir prêtre, dès 12 ans. Marie Drilhon détaille le quotidien des jeunes mormons : « Quand ils ne sont pas à l’école, ils passent la majeure partie de leur vie en réunions spirituelles, soit pour apprendre les préceptes mormons, soit pour d’autres activités de loisir avec les membres… L’essentiel de leur temps est consacré à l’Eglise. »
La militante anti-secte reçoit beaucoup de témoignages peu reluisants. Une bonne partie provient de femmes étouffées par le rôle qui leur est assigné. Dans une Eglise où la famille a une place primordiale, la femme est reléguée à « faire des enfants et soutenir son mari », au point de quitter son job. Et difficile de remettre en cause l’ordre établi. « Si on se pose des questions, on vous pousse à trouver la réponse uniquement auprès des membres de l’Eglise, qui vont tout mettre en oeuvre pour vous faire revenir dans le droit chemin. » Au moindre doute, les membres culpabilisent. « Dans une religion où tout est basé sur l’affectif, il est d’autant plus dur d’en sortir. »
Les homosexuels ne sont pas les bienvenus
Une forme de contrôle pervers qui s’étend, comme pour de nombreuses religions, jusqu’à l’orientation sexuelle. Aux Etats-Unis, une série de révélations sur l’Eglise mormone a permis de faire fuiter leur nouvelle politique : les couples gays sont des apostats, et les enfants de couples homosexuels sont interdits de devenir membres avant 18 ans et leur départ du foyer familial.
Gay et mormon, l’impossible équation ? « On les respecte et on les aime » se défend le dir’ com’ des mormons, Dominique Calmels. « Mais on lit la Bible : nous ne serons pas homosexuels. Un homosexuel ne rentrera pas dans le temple. » Horreur ! Il n’y a pourtant qu’au temple qu’on célèbre les « ordonnances éternelles » comme le baptême permettant de sauver son âme pour accéder au paradis. Reste une ultime solution : l’Eglise baptise à tour de bras les personnes déjà mortes. Mais cette fois, l’orientation sexuelle n’est pas un critère de sélection, assure Dominique Calmels. Au prix de n’offrir aux gays que la mort pour salut.