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Jeu.04 juillet 201304/07/2013 Dernière édition

Françoise Bettencourt-Meyers repasse à l'offensive

|  Par Michel Deléan

Françoise Bettencourt-Meyers demande au juge des tutelles de désigner un nouveau protecteur pour sa mère en remplacement de l'avocat Pascal Wilhelm, qu'elle accuse de conflit d'intérêts.

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Nouvel épisode de l'inépuisable feuilleton Bettencourt. Françoise Bettencourt-Meyers passe à nouveau à l'offensive contre Pascal Wilhelm, l'avocat de sa mère, Liliane Bettencourt.

Béatrice Weiss-Gout, l'un des avocats de Françoise Bettencourt-Meyers, a saisi d'une nouvelle demande le juge des tutelles du tribunal d'instance de Courbevoie jeudi 30 juin. Il s'agit cette fois-ci d'une requête visant à faire annuler le «mandat de protection future» désignant l'avocat Pascal Wilhelm comme protecteur de Liliane Bettencourt, ainsi que l'a indiqué l'AFP.

«Nous n'avons pas de problème avec Liliane Bettencourt, mais avec son entourage», explique à Mediapart l'un des conseils de sa fille. «Il ne s'agit absolument pas de faire placer Liliane Bettencourt sous curatelle ou sous tutelle, mais de demander au juge des tutelles de désigner lui-même un ou des protecteurs.»

Liliane BettencourtLiliane Bettencourt© (DR)

C'est donc une fois de plus la question du conflit d'intérêts dans lequel se trouverait Pascal Wilhelm qui est posée par Françoise Bettencourt-Meyers. Brillant fiscaliste, Me Wilhelm a d'abord défendu Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de la femme la plus riche de France, qui a dû quitter ses fonctions après que les fameux enregistrements du majordome de Liliane Bettencourt ont jeté une lumière très crue sur son activité professionnelle.

Me Wilhelm est ensuite devenu l'avocat de Liliane Bettencourt, tirant profit de la disgrâce qui a frappé le célèbre Georges Kiejman, lors de la réconciliation entre la milliardaire et sa fille. Pascal Wilhelm est même devenu le «protecteur» de l'héritière de l'empire l'Oréal, à la faveur du protocole d'accord signé entre Liliane et Françoise en décembre dernier. Un examen médical de Liliane Bettencourt, ainsi que la rédaction d'un mandat de protection future désignant Pascal Wilhelm pour gérer ses affaires en cas de déclin de ses facultés mentales avaient découlé de cet accord.

Cette belle entente et la confiance mutuelle ont volé en éclats à l'occasion de la signature par la vieille dame d'un chèque de 143 millions d'euros à la société Lov Group Invest de l'homme d'affaires Stéphane Courbit, dont Pascal Wilhelm est également l'avocat. Tout cela avec l'intervention de la banque d'affaires de Jean-Marie Messier... dont Pascal Wilhelm est aussi l'avocat. Une affaire révélée par Mediapart (on peut relire notre article ici).

Cet «investissement» important (même à l'échelle d'une fortune estimée aujourd'hui par Challenges à 17,5 milliards d'euros), décidé dans ces conditions-là par l'octogénaire et ses gestionnaires de fortune, a ranimé le courroux de sa fille: Françoise Bettencourt-Meyers a saisi le juge des tutelles de Courbevoie le 7 juin, en lui demandant d'éclaircir les conditions d'exécution du mandat de protection future par Pascal Wilhelm.

La bâtonnier des avocats de Paris, Jean Castelain, a − pour sa part − annoncé le jour même l'ouverture d'une enquête déontologique sur ces faits. Pascal Wilhelm a répliqué en annonçant le 8 juin qu'il saisissait également le bâtonnier d'une plainte déontologique contre les avocats de Françoise Bettencourt-Meyers. La saga continue.

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Sollicité par Mediapart, Me Wilhelm n'a pas donné suite.