Placé en détention provisoire depuis le 23 mars, Patrice de Maistre, l’ex-gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, a été confronté à plusieurs témoins du dossier, ce vendredi 8 juin au tribunal de grande instance de Bordeaux.
Mis en examen pour abus de faiblesse et escroquerie, cet ami d’Eric Woerth a déjà demandé sa mise en liberté trois fois, sans succès. Ses avocats, Christophe Cariou-Martin, Jacqueline Laffond et Pierre Haïk, avaient beaucoup insisté pour que ces confrontations soient organisées rapidement par le juge d'instruction Jean-Michel Gentil.
Claire Thibout, l’ancienne comptable des Bettencourt, a été cuisinée par les avocats de Patrice de Maistre, mais elle a tenu bon. Des questions lui ont notamment été posées sur la véracité des mentions relevées dans son agenda, et sur les indemnités qu’elle a perçues en quittant son emploi.
Resté à Paris, son avocat, Antoine Gillot, souligne que toutes les dépositions de l’ancienne comptable sur Patrice de Maistre et Eric Woerth ont été confirmées par les investigations du juge Gentil. Selon Me Gillot, la confrontation n’a absolument rien changé au fond du dossier.
L’ancien majordome des Bettencourt, Pascal Bonnefoy, lui aussi confronté à Patrice de Maistre ce 8 juin, a pour sa part été questionné sur la retranscription des fameux enregistrements réalisés au domicile des Bettencourt.
Déjà confrontés au gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt en 2010 dans les locaux de la police, Claire Thibout et Patrice de Maistre avaient déjà été questionnés sur la circulation de l'argent liquide chez les Bettencourt, et sur les éventuelles visites d'hommes politiques venus chercher de possibles financements pour les campagnes présidentielle et législatives de 2007.
Les juges cherchent notamment à savoir ce qui est advenu de quatre millions d'euros en liquide dont Patrice de Maistre a supervisé le retour en France en sept versements, entre 2007 et 2009, depuis un compte en Suisse de l'héritière de L'Oréal. La concordance de certains retraits avec les visites d’Eric Woerth, voire de Nicolas Sarkozy selon certains témoins, sont au cœur de l’enquête.
Dans l'après-midi, Patrice de Maistre a également été confronté à une ex-femme de chambre de Liliane Bettencourt, Dominique Gaspard.
Le 14 juin, une autre confrontation par visioconférence est programmée par le juge d'instruction Jean-Michel Gentil avec René Merkt, avocat suisse impliqué dans des retraits d'espèces.
En revanche, l'ancienne secrétaire de Liliane Bettencourt, Chantal Trovel, n’a pas reçu sa convocation à temps, et ne participait donc pas à la confrontation.
Un nouveau venu a fait son apparition dans la saga Bettencourt : Christophe Reille, conseiller en communication de crise, était à Bordeaux ce vendredi pour « faciliter le travail des journalistes », explique-t-il à Mediapart. Il est chargé depuis peu de défendre l’image de Patrice de Maistre, après avoir épaulé Jérôme Kerviel lors de son premier procès, voici deux ans.
Le 15 juin, Nicolas Sarkozy sera privé de son immunité présidentielle, ce qui nourrit de nombreuses supputations quant à une possible convocation chez le juge Gentil avant l’été.
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