Comme l’annonçait Mediapart le 28 septembre, le juge Jean-Michel Gentil vérifie méticuleusement les rendez-vous discrets qui ont eu lieu entre Nicolas Sarkozy et Philippe Courroye pendant l’affaire Bettencourt (lire ici). Le soupçon étant que l’alors président de la République ait demandé au procureur de Nanterre d’étouffer une affaire qui menaçait d’être embarrassante pour lui-même, ainsi que pour ses proches et pour son parti.
Dans son édition du 13 octobre, Le Monde publie des éléments qui accréditent et renforcent ces soupçons. Selon le quotidien, Philippe Courroye a été cuisiné, lors de son audition du 2 octobre à Bordeaux, sur huit rendez-vous à l’Élysée, de septembre 2008 à mars 2011 (lire ici, contenu payant). Or ces entretiens en tête-à-tête sont très proches de plusieurs moments clés de l’affaire Bettencourt, dont les investigations étaient alors contenues dans le cadre d’une enquête préliminaire dirigée par le procureur de Nanterre.

L'existence de ces discrets tête-à-tête a été dénichée par le juge Gentil dans les agendas (2007-2011) et les courriels saisis le 3 juillet lors de la perquisition effectuée dans les bureaux et au domicile de Nicolas Sarkozy. Des rendez-vous parfois confirmés par courriel, et souvent inscrits uniquement dans l'agenda privé de Nicolas Sarkozy.
Par ailleurs, comme l’annonçait Mediapart le 30 septembre (lire ici), le juge Gentil et ses collègues s’intéressent à d’autres rencontres entre le chef de l'État, ses deux conseillers justice successifs, Patrick Ouart et Jean-Pierre Picca, et son avocat, Thierry Herzog, à des moments clés de l'affaire.
Reste à savoir si les juges de Bordeaux, qui se sont heurtés aux dénégations outrées du procureur Courroye, souhaiteront demander ou non un réquisitoire supplétif pour « entrave à la justice » au parquet de Bordeaux.
Lors de son audition, le procureur Courroye a notamment déclaré ceci : « Je connais Nicolas Sarkozy depuis une douzaine d'années, j'ai fait sa connaissance à titre privé par des relations communes », a-t-il indiqué. « Je le vois depuis une à trois fois par an pour évoquer des sujets généraux et institutionnels. Ce sont des rencontres privées. (...) Je ne dirais pas que nous avons des relations amicales, mais personnelles. Pour moi, l'amitié correspond à la définition d'Aristote, “une seule âme en deux corps”, ce qui n'est pas le cas de figure », a-t-il ajouté.
Nicolas Sarkozy © (DR)
Après parution du Monde, ce vendredi après-midi, l'ex-procureur Courroye, muté depuis peu, a annoncé au Figaro qu’il déposera plainte lundi prochain, à Bordeaux, pour "violation du secret de l’instruction et recel".
Quant à une éventuelle convocation à Bordeaux de Nicolas Sarkozy, des rumeurs contradictoires courent sur les intentions du juge Gentil.
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