Mediapart
Jeu.04 juillet 201304/07/2013 Dernière édition

Dimanche, Woerth, Pécresse, Guaino... contre-attaquent

|  Par La rédaction de Mediapart

Après les demandes d'explications claires adressées au ministre du travail, Eric Woerth, dans le cadre de l'affaire Bettencourt, demandes émanant notamment vendredi et samedi du PS, de villepinistes et d'Europe Ecologie, les hommes et femmes politiques de la majorité ont contre-attaqué ce dimanche.

Partage

Après les demandes d'explications claires adressées au ministre du travail, Eric Woerth, dans le cadre de l'affaire Bettencourt, demandes émanant notamment vendredi et samedi du PS, de villepinistes et d'Europe Ecologie, les hommes et femmes politiques de la majorité ont contre-attaqué ce dimanche.

Le nom d'Eric Woerth et celui de son épouse, Florence, apparaissent dans des conversations téléphoniques de Liliane Bettencourt, enregistrées à son insu par son ancien maître d'hôtel et publiées mercredi, jeudi et vendredi par Mediapart.

 

  • D'abord, le ministre du travail, Eric Woerth, a assuré lors du Grand rendez-vous d'Europe 1 dimanche matin: «Mon épouse n'a jamais eu connaissance d'une quelconque fraude fiscale. Si elle l'avait su, elle serait partie immédiatement.» Puis, dans une interview au Journal du Dimanche, celui qui fut ministre du budget de mai 2007 à mars dernier répète ne rien savoir des finances de Liliane Bettencourt et d'une quelconque évasion fiscale. «Je ne connais pas les finances de Madame Bettencourt, je n'ai aucune information sur une quelconque évasion fiscale et je n'ai donné aucune instruction de quelque nature que ce soit à l'administration fiscale.» Il ne voit dans ces révélations qu'une «tentative de déstabilisation»: «Je m'étonne que ces accusations aient été lancées le jour même où j'ai annoncé la réforme des retraites.» Et menace enfin: «Je peux vous dire que je ne laisserai personne raconter n'importe quoi et porter atteinte à notre intégrité» annonçant, sur Europe 1, que son épouse allait porter plainte contre Arnaud Montebourg, après les déclarations du député PS dans l'affaire Bettencourt.


Dans un entretien accordé dimanche à RadioJ, Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur, a repris la thèse de la tentative de déstabilisation: pour elle, la révélation de ces enregistrements intervient «au moment où (Eric Woerth) est chargé de la réforme sans doute la plus importante, et pour le gouvernement, et pour l'avenir des Français». Elle assure qu'«Eric Woerth n'a jamais fait mystère que sa femme travaillait dans le family office de Madame Bettencourt, il l'a toujours dit, alors pourquoi, aujourd'hui, la semaine où il dévoile le projet sur les retraites? C'est un peu gros, la ficelle est grosse». Enfin, interrogée sur un soutien financier que Liliane Bettencourt lui aurait apporté en mars 2010 lorsqu'elle était chef de file de l'UMP pour les élections régionales en Ile-de-France, Valérie Pécresse a refusé de répondre soulignant que «la loi protège l'identité du donateur».Sur I-Télé, ce fut le tour du conseiller spécial de l'Elysée, Henri Guaino. Il a déclaré qu'il n'imaginait «pas un seul instant» que le ministre Eric Woerth «ait pu commettre un acte répréhensible» dans l'affaire Bettencourt trouvant le procès qu'on lui fait «absolument scandaleux», «ignoble». «En tout état de cause, que Mme Bettencourt possède ou non des comptes off shore et qu'elle fasse ou non de l'évasion fiscale, je ne vois pas en quoi cela concerne directement Eric Woerth, je ne vois pas sur quoi on peut fonder aujourd'hui sa mise en cause.»
Enfin, les différents protagonistes de l'affaire ont déployé aussi leur défense ce dimanche.

  • D'abord Patrice de Maistre, gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt, a déclaré, par l'intermédiaire de son avocat qu'il déposerait plainte en fin de semaine pour atteinte à la vie privée, recel et diffusion d'information relevant de la vie privée. «Il conteste pied à pied le contenu des enregistrements», assure son avocat, Me Pascal Wilhelm, suggérant que ces enregistrements ont été montés et «sortis de leur contexte». A propos du cadeau d'«un bateau de 21m à voile» que lui aurait fait Liliane Bettencourt, l'avocat du gestionnaire affirme que son client n'a qu'un «seul voilier, un voilier qu'il a acheté avant 2001, avant de connaître Mme Bettencourt».
  • Enfin du côté des avocats, Me Georges Kiejman, défenseur de Liliane Bettencourt, accuse Me Olivier Metzner, avocat de sa fille Françoise Bettencourt-Meyers, d'avoir «distribué les extraits d'enregistrements à ses poissons pilotes habituels dans la presse», formantant ainsi «un complot». A quoi Me Olivier Metzner répond qu'il va déposer plainte en diffamation.

 

C'est dans cette ambiance que le procès qui oppose la principale actionnaire de L'Oréal, l'une des plus grandes fortunes de France, à sa fille va s'ouvrir début juillet à Paris.

Partage